L’éclairage dans les arts visuels au XVIIIème siècle

En mettant en évidence de manière tangible et inédite l’écart entre l’imaginaire des peintres et la réalité optique et physique des propriétés de la lumière, FabLight vise à interroger ce que l’expression du fait lumineux dans les arts visuels donne à voir et donne à penser à une période clé de l’histoire des sciences, des techniques et des idées. Dans la mouvance des Visual Studies, le projet mettra en tension les enjeux esthétiques des artistes avec l’évolution des spéculations philosophiques, théologiques et scientifiques dont la lumière est l’objet. Dans quelle mesure les avancées des savoirs sur la lumière et l’éclairage mènent-elles à l’expression d’une laïcisation des effets lumineux ? A quelles épistémologies répondent-elles ? Quels sont les ressorts de leur théâtralité et de leur pouvoir de fascination ?

Deux approches complémentaires sont envisagées. La première part des connaissances théoriques et pratiques à l’usage des artistes. Elle débouchera sur la restitution en 3D d’une académie d’art avec son dispositif d’éclairage spécifique afin de rendre sensible les conditions d’exercice des artistes et le rôle central de l’éclairage dans leur formation. La seconde s’attachera aux applications dans la peinture : à partir d’un échantillon de tableaux réalisés dans l’espace européen des Lumières, il s’agira de tester la cohérence des effets d’ombre et de lumière par rapport à l’emplacement des sources lumineuses et à leur intensité. Les écarts constatés par rapport aux simulations informatiques fourniront de nouvelles bases d’interprétations.

Le carnet Hypothèses

Ce carnet a pour objet de présenter les recherches en cours de l’ANR Fablight, piloté par les trois partenaires, en histoire de l’art (LARHRA – Lyon 2), en histoire des sciences et techniques (CAK – EHESS) et en sciences informatiques (LISIC – ULCO). L’objectif de l’ANR FabLight est d’entrecroiser ces méthodes afin de renouveler l’étude de l’éclairage dans les arts visuels dans la seconde moitié du XVIIIe siècle (1760-1820) selon une perspective inédite. La fabrique de l’éclairage sera explorée à l’aide d’outils de simulation d’éclairage et de restitutions numériques, tant dans ses dimensions pratiques et matérielles que dans ses représentations : l’ambiance lumineuse spécifique produite par des dispositifs d’éclairage complexes dans une académie d’art, et dans un corpus de peintures choisi. Le carnet présentera les équipes, diffusera les informations sur les différentes activités menées par l’ANR (journées d’études, séminaires, expérimentations, restitutions, rencontres, ateliers). Enfin il s’agira de présenter le corpus de peinture en construction, les archives mobilisées ainsi que les méthodologies mise en œuvre. Il permettra ainsi de présenter l’avancement des étapes de la recherche qui vise à interroger au travers d’outils de simulation, la justesse ou les incohérences des effets d’ombres et de lumières dans un tableau, d’évaluer l’écart entre la réalité physique et optique et l’imaginaire du peintre, mais également d’explorer d’une manière originale les porosités entre arts, techniques, sciences et idéologie. L’application des méthodes de simulation d’éclairage à des environnements historiques soulève encore des problématiques bien spécifiques, que les travaux menés au sein de ce projet vise en partie à combler, au bénéfice des recherches historiques, mais également de toute une palette de projets connexes en humanités numériques. Le carnet contribuera de ce fait à renforcer la discussion interdisciplinaire entre sciences humaines et recherche en informatique.